Histoire

"Keroüartz" plonge ses racines dans l’obscurité du Moyen-Age, construit sa destinée sous la bannière éclairée de la maison des "Monfort" lors de la guerre de succession en Bretagne, maison du futur Duc de Bretagne, Jean IV.

La "famille" entrera dans l’histoire à cette époque où légende et merveilleux se confondent en cette journée du 26 mars 1351. De cette héroïque épopée du "Combat des Trente" un champion, "Hennequin Hérouart", fera partie du "team" de ces chevaliers, aux règles établies par le code de l’honneur.
Elle franchira la porte de la renommée en 1376, un autre tournoi donnera l’occasion à Hervé de Keroüartz de mener son blason au Panthéon des "cycles Arthurien". Ce fait d’arme, authentifié et conté par Guillaume de La Penne "Gestes des Bretons en Italie, sous le pape Grégoire XI" sera porté aux "Preuves de l’Histoire de Bretagne"

blazon

Nota : Le blason des "Keroüartz" seigneur du dit-lieu, "D’argent à la roue de sable accompagné de trois croisettes de même". Devise : "Tout en l’honneur de Dieu" et "Tout avec le temps". La seigneurie de Keroüartz restera fidèle aux hermines du duché de Bretagne. L’annexion du duché au royaume de France se fera en 1532, selon la "coutume" Keroüartz rendra "hommage" aux suzerains régnants. De noblesse "d’épée" et "de robe" elle servira avec honneur ses souverains à "fleur de lys" dans leurs campagnes militaires terrestres ou navales.

Ces fidélités de cour, le rayonnement de leur nom, permettront d’accroître leurs possessions territoriales en favorisant des alliances par "affinité nobiliaire", et d’une façon plus prosaïque nous dirons par "endogamie géographique".

Les clameurs de la Révolution écarteront la famille de son sol natal, cependant au XIXème siècle, le destin de l’histoire donnera l’occasion au marquis de Keroüartz de reconquérir ses biens, et pouvait-il ignorer la maxime gravée en 1771 dans le plomb du cadran solaire dressé dans le parc, "Afflictis lentas, celeres gaudentibus horae" (Le temps passe lentement dans la peine, rapidement dans la joie). De même, cette autre devise nobiliaire des Keroüartz « Tout avec le temps » n’est-elle pas d’actualité ?

Le château de Keroüartz

Le manoir familial du XVème siècle, de style gothique aux fenêtres à meneaux, a su se préserver des outrages du temps, l’éponyme "Keroüartz" donnera son nom au toponyme de ce lieu-dit sur la commune de Lannilis.

Il n’est pas surprenant de voir s’élever sur les fonds baptismaux de cette dynastie le présent château de Keroüartz. Jouxtant sa maison mère, le château de Keroüartz, construit entre 1580 et 1602, sera du style Seconde Renaissance. Cette demeure, belle et fascinante, offre au visiteur l’émerveillement de son architecture, et l’interroge sur la distribution de ses structures cachées.

Salle basse, salle haute, chambres du marquis et de la marquise, aux dimensions princières, aux cheminées monumentales, ces commodités reliés par un escalier discret portent à la rêverie. Cuisine à cheminées dédiées à la cuisson des viandes, des pâtisseries, dans une salle au plafond à forme ogivale soutenu par un pilier central…et ses escaliers à vis en pierres de taille menant à des appartements agréablement répartis dans les tours, prolongent l’étonnement.

Structures cachées nous avons dit. Que dire de sa cave à voûtes en berceau, demi enterrée, courant d’une extrémité à l’autre du château, éclairée par des fenêtres, le tout taillé dans un granit gris à grains fins…. de cette majestueuse entrée qu’emprunte un escalier "droit" à deux volées parallèles, arrêté en son dernier repos par un balustre à colonnettes finement ciselées.

Cet ensemble regarde une vaste esplanade pavée à l’ancienne. L’architecture de la cour est remarquable ; en son centre coule une élégante fontaine à édicule de plomb, et un beau portail de style baroque s’ouvre sur le jardin à la Française.

Une chapelle "domestique" dédiée à Saint-Illuminat, comprise dans le mur d’enceinte nous offre un magnifique exemple de style régional de la Seconde Renaissance. Une courtine percée de portes, l’une piétonne, l’autre cavalière, faisant partie intégrante d’un appareil dissuasif, flanquée de deux tourelles d’apparence guerrière, donne accès à la propriété.

A ses pieds, une vieille dame du Pays des Abers, la rivière de l’Aber Wrac’h, elle remonte paisiblement une vallée dessinée à l’âge du quaternaire. Du haut de ses tours "Keroüartz" observe patiemment les lentes mouvances alternées de ses marées.

Bernard Le Bec